Du 16 décembre 2021 au 31 janvier 2022 Françoise Huguier expose sa nouvelle œuvre photographique : En souvenir du bris.
Françoise Huguier débute comme photographe indépendante par une collaboration avec le centre Georges Pompidou en 1976 avant de réaliser ses premiers reportages pour des magazines français. Dès 1983, elle photographie pour le journal « Libération » le monde du cinéma, de la politique, de la culture et de la mode, aussi bien en France qu’à l’étranger. Grande voyageuse, elle entreprend, parallèlement à ces réalisations, des travaux personnels sur l’Afrique, la Sibérie, le Japon, la Russie et l’Inde. Elle est lauréate, à deux reprises, de la Villa Médicis hors les murs pour les ouvrages « sur les traces de l’Afrique Fantôme », sur les pas de Michel Leiris (1990) et « en route pour Behring » (1993), journal de bord d’un voyage en solitaire en Sibérie (prix Word Press Photo).
« Après la baie d’Audierne, en allant vers Guilvinec, la côte est très rocheuse. Ces impressionnantes roches granitiques sculptées par les tempêtes ont pris au fil du temps des allures de goélands, de caïmans… Je photographie d’abord les rochers, comme un gigantesque zoo. Aujourd’hui le phare d’Eckmühl éclaire l’un des points les plus dangereux de la côte bretonne, mais auparavant, les navires, venus d’Angleterre, des Antilles ou d’ailleurs, venaient se briser sur les récifs. La tradition « d’aller au bris » a perduré jusqu’à 1897, année de l’inauguration du phare, et encore un peu après. Faire une reconstitution sociologique de l’histoire des pilleuses me parait indispensable. Les marchandises trouvées sur les bateaux échoués – huile, laine, vin, savon – permettaient d’améliorer l’ordinaire où tout manquait, et la population était pilleuse d’épave collectivement, en foule, comme elle était chrétienne, par hérédité, en famille et dès l’enfance. Les Bigoudens sont des résistants et c’est ça qui me plait. Mon travail photographique est souvent davantage documentaire, ici j’ai laissé mon imagination sentimentale me guider, en lien avec la vie des gens. Mes parents, mes ancêtres, sont bigoudens. »
Vernissage et rencontre avec la photographe le jeudi 16 décembre à 18h.
Rencontre animée par Gérard Lefort, journaliste et écrivain.